Un récent sondage, même si les tendances qu’il indique doivent être confirmées par d’autres sondages et dans les prochains mois, révèle à quel point notre pays risque de connaitre de ce que l’on peut appeler un krach démocratique lors des élections régionales. Les deux partis UMP-PS dominant la vie politique française depuis des lustres sans que la situation du pays s’améliore sont toujours bien installés même s’ils ne représentent plus qu’un français sur deux. L’extrême droite refait surface (FN à 9%), la gauche de la gauche semble s’éloigner des exécutifs fussent-ils locaux. Les forces de rénovation de la vie politique reculent (Europe écologie : 15%) ou s’effondrent (MoDem 6%). Comme un krach boursier est un effondrement des valeurs des titres à la Bourse, si aucun sursaut n’intervient d’ici les 14 et 21 mars prochains, notre pays subira encore plus fortement un nouvel abaissement de la vitalité de son système politique, provoquant la ruine des espoirs des citoyens.
D’ailleurs, pour décrire cette situation politique, il est tentant et aisé d’établir un parallèle avec la crise financière puis économique que nous subissons toujours.
La perte du sens. Le dévoiement du « système » est, dans la sphére économique, représentée par la financiarisation qui déconnecte l’économie à la fois des réalités et de son objectif premier qui est de subvenir aux besoins d’une population en croissance et souffrant pour un sixième d’entre elle de la faim. Dénoncé avec brio par François Bayrou en 2007 (voir pour un retour aux sources du MoDem) le dévoiement de notre système politique est de même ordre. L »alternance de majorités de « circonstances » ou de « confrontations droite/gauche », incapables de réformer en profondeur et de manière juste le pays, conduisent à ce que soient toujours plus nombreux les français qui se détournent du débat démocratique. De ce fait, hélas, de moins en moins les citoyens se soucient de l’intérêt général et de faire Cité (ce qui est la raison d’être de la politique). Que l’on parle de « maison commune » à propos d’un rassemblement de partis de gauche en est une belle illustration, comme si la « maison commune » à tous n’était pas la République??? Le plan de relance citoyen devra donc redonner du sens aux actions politiques et retrouver le sens de la politique qui est de chercher, avec le Peuple et pour le Peuple, l’intérêt général.
La perte du sens commun. La dérégulation du système, dans la sphére économique s’est traduite par exemple par l’accumulation de bourdes monumentales des milieux financiers opérant en dehors des règles de l’art comme du bon sens commun le plus élémentaire : crises des subprimes, rehausseurs de crédits, pertes de trading, affaire Madoff…. Nous pourrions multiplier les exemples où le non respect des règles édictées au nom de l’intérêt général, ou fixées par les acteurs économiques eux-mêmes au nom de la bonne régulation d’un marché ou d’une zone économique donnée ont été piétinées sans vergogne avec les conséquences désastreuses que l’on sait. D’actifs toxiques, en perte de confiance généralisée entre les acteurs économiques et des citoyens vis-à-vis du « système » ou des salariés envers leurs entreprises nous assistons au remplacement des fondements d’une économie de développement par des pratiques crapuleuses « d’économie casino ». La starisation des leaders d’opinion, la peopolisation de la vie politique, la gadgétisation des débats politiques essentiels dans le seul but d’émouvoir l’opinion plus que de former un avis du Peuple souverain, les « annonces politiques' » formatées pour les JT du 20h plus que les projets pour les débats au Parlement… bref cela fait longtemps aussi qu’en politique l’Etat spectacle a remplacé le Peuple de citoyens mais la situation ne fait qu’empirer… Le plan de relance citoyen devra donc réhabiliter les règles et les usages du débat démocratique et exiger des responsables politiques de respecter le Peuple en s’adressant à l’intelligence des citoyens plus qu’à la veulerie « de l’opinion » quand il s’agit de déterminer le bien commun. Les citoyens doivent bouter la démocratie d’opinion (la doxocratie) hors de France.
La perte du sens moral. La déresponsabilisation du système, dans la sphère économique, résulte de l’absence ou l’impuissance d’autorités régulatrices au plan international, continental ou national ayant autorité et pouvoir de contrôler et sanctionner les acteurs économiques et/ou les Etats acteurs ou complices du dévoiement ou de la dérégulation du système. L’absence de contre-pouvoirs dignes de ce nom faisant courir de ce fait des risques sur les actifs, les investissements et les emplois de l’immense majorité des agents économiques a conduit à la ruine ou au désespoir bon nombre d’entre eux, sans que les coupables n’en endossent de manière proportionnées la responsabilité et sans que la communauté internationale ou les autorités nationales ne les mettent suffisamment hors d’état de nuire à nouveau, en renforçant notamment les contre pouvoirs. Pour une tête tombée pour le symbole (Madoff, Kerviel,…), combien d’apprentis sorciers continuent-ils à oeuvrer au profit d’un système sans but légitime et sans règles contrôlables par les parties prenantes de la société (actionnaires, salariés, consommateurs, Etat, collectivités, associations….)? En ce moment la mode est particulièrement à l’affaiblissement systématique des contre-pouvoirs, au Parlement, dans les collectivités territoriales, dans les médias, la société civile, … et même au sein du parti majoritaire. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que par culture a-démocratique, comme par double tradition de méfiance vis-à-vis des corps intermédiaires et du « contrat », y compris à l’intérieur des partis politiques français, nous avons été souvent incapables d’organiser de manière efficaces les outils permettant de lutter contre les abus de pouvoir. Le plan de relance citoyen devra donc réhabiliter les outils et les espaces de contre-pouvoirs et exiger des responsables politiques de se soumettre eux-même régulièrement au contrôle citoyen de l’exécution de leurs mandats autrement que par la seule sanction de la non-réélection. Les citoyens doivent ouvrir les yeux et cesser de croire que l’alternance politique réglera par enchantement un seul des maux du pays. Seule l’alternative citoyenne, c’est à dire comme l’avait exprimé François Bayrou, donner confiance à la société en promouvant « la France de toutes nos forces » est en mesure de donner un nouvel élan au pays.
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