La Démocratie est donc une utopie (un plan idéal et irréaliste dans le domaine social) comme l’évoquait Jean-Jacques Rousseau « A prendre le terme dans la rigueur de l’acception, il n’a jamais existé de véritable Démocratie, et il n’en n’existera jamais. (…) S’il y avait un peuple de Dieux, il se gouvernerait Démocratiquement. Un Gouvernement si parfait ne convient pas
à des hommes. » (Du contrat social, Livre III Chapitre IV De la Démocratie).
Cependant l’expérience des hommes de ce mode de gouvernement est suffisamment longue pour en connaître les dérives, les manquements voire les perversions pour espérer avec les intellectuels penseurs de ce régime, comme avec les démocrates qui partout essaie de le faire fonctionner au mieux en étant des hommes et des femmes de dialogue. Relisons à ce propos le doyen Georges VEDEL « (…) une démocratie c’est un ensemble de dialogues. Un dialogue
quand on y réfléchit qu’est-ce que c’est ? Il témoigne que l’on n’est pas seul, qu’il y a un « autre », que l’on accepte, qu’on l’écoute, qu’on prend le risque de se laisser convaincre par lui, qu’on acceptera dans certains cas, la solution du compromis, qu’à la limite il faudra qu’il soit bien entendu que quelqu’un aura le dernier mot. Tous les mécanismes de choix et de contestation sont lubrifiés, si je puis me permettre cette image, par l’acceptation d’autrui. Il existe des dialogues entre les gouvernants et les gouvernés (le suffrage n’est que la forme la plus vaste de ce dialogue), des dialogues entre le Parlement et le Gouvernement, entre la
majorité et la minorité, et surtout entre l’Etat et les groupes. Si l’on en avait le temps, on esquisserait toute une philosophie de ces dialogues entre l’Etat et les groupes, dialogues qui sont nécessaires car c’est grâce à eux que le Pouvoir n’est pas aveugle » (in Rapports des pouvoirs et démocratie dans La démocratie à refaire, actes du colloque de Saint Germain en Laye de France Forum).
Le MoDem se doit d’élaborer cette philosophie des dialogues entre l’Etat et les groupes non plus sous la forme dégradée de la prise en compte des intérêts
particuliers mais sous celle de la recherche en commun de l’intérêt général.
Par ailleurs il serait souhaitable que les membres du MoDem se présentent selon l’expression de Jean Baechler des « démocrates prudents » et promeuvent donc « le projet démocratique » marqué selon ce grand spécialiste de ce régime politique par cinq invariants (voir Démocraties, Conclusion générale p. 691 et 692 Calmann Lévy)
– « Le premier définit la démocratie comme une association politique volontaire
d’individus naturellement indépendants,
– Le second assigne comme fin à l’association la sécurité, la prospérité et la liberté,
– Le troisième impose la distinction du public et du privé, et pose que ne doit être public
que ce qui ne peut être privé,
– Le quatrième retient comme règle pour le pouvoir, qu’il ne saurait être enraciné que
dans les citoyens et délégué qu’à titre temporaire, circonscrit et réversible,
– Le cinquième révèle qu’un régime démocratique repose sur des citoyens vertueux,
maîtres de leurs passions, fiers de leurs conditions d’hommes libres et dévoués au bien
commun. »
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