Chiche ! François Bayrou a fort amicalement transmis à chaque membre du Mouvement sa déclaration au soir de ces élections régionales qui ont marqué comme l’aboutissement d’un cycle pour cet élan d’espoir pour notre démocratie né en 2007 autour d’une idée simple et nouvelle « construire la France de toute nos Forces »!
Il était simple pourtant de faire vivre cette généreuse idée porteuse de tant de promesses : fin de la bipolarisation stérile, rassemblement des forces démocratiques et républicaines sans exclusive, intervention des citoyens dans les décisions les concernant, équilibre des pouvoirs, réalisme économique et ambition sociale réconciliés,…
D’autres voies, d’autres chemins ont été empruntés et trois ans plus tard, en sus d’être probablement à la croisée des chemins, notre Mouvement est pratiquement revenu, aux dires mêmes de François Bayrou, au point de départ…celà n’est sûrement pas une raison pour baisser les bras!!!
La France et les Français ont plus que jamais besoin de prendre en mains leur destin, collectivement et sans esprit partisan.
Partisan d’un MoDem autonome, indépendant, fédérateur d’initiatives citoyennes, bref d’un MoDem « outil du citoyen », nous faisons notres les 4 axes donnés par François Bayrou comme autant d’exigences que les responsables politiques du MoDem devraient se donner pour servir les Français.
Vérité : Promettre « du sang et des larmes » n’est pas un programme électoral facile à endosser, n’est pas Churchill qui veut! Comment prétendre remporter une élection en promettant la rigueur de gestion, la fin des prébendes, la remise en cause des « situations de rentes » et des « niches fiscales et sociales » qui alourdissent le bateau France? Comment s’attaquer aux « privilèges » qui sont chez les autres ce qu’on considère pour soi comme un « acquis »??? Et l’exigence de vérité avec la bonne dose de courage politique qu’elle suppose ne concerne pas que le domaine économique et social, mais presque tout les domaines de la vie publique tant les schizophrénies françaises comme les pointent Ezra Suleiman sont les plaies « d’une France (non pas bloquée) qui refuse de corriger ses défauts ». Il n’est pire sourd que celui que ne veut entendre… notamment les vérités…
Renoncer à dire ce que l’opinion souhaite entendre serait en effet, un progrès important pour notre démocratie. Chiche !
Vision : Situer la fonction présidentielle au niveau de la vision que l’homme d’Etat se doit d’apporter pour son pays, justement pour être reconnu à ce titre, est une nécessité. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’il convient de mettre sous ce vocable de vision, et surtout ce dont la France et les français ont réellement besoin dans le domaine politique. Pour nous, citoyen de base, celà n’est pas tant « un projet » et « des valeurs » dont la France et les français ont le plus besoin mais de responsables politiques qui les incarnent réellement et les font vivre au quotidien dans leurs actions!!!! Le papier ne refuse pas l’encre et les promesses n’engagent parait-il que ceux et celles qui les écoutent.
Le vrai changement en politique ce ne sont pas les « discours nouveaux » (ils fleurissent à chaque élection et se fanent aussi vite que les fleurs une fois l’état de grace terminé) ce sont d’attitudes nouvelles. Ce sont les pratiques et les attitudes qui séparent déjà et sépareront toujours ceux qui professent et mettent en oeuvre un « Yes I can » là où d’autres s’essaient à un « Yes we can! ». Comme insiste Claude Onesta entraineur de l’équipe de France de sport collectif la plus titrée (handball), la force de cette équipe c’est qu’au sein de celle-ci, il n’y a pas de vedettes, mais que chacun des équipiers sait que la vedette c’est l’équipe ! Si demain la France, veut avoir à nouveau confiance en elle, elle doit comprendre que les « chacun pour soi » et « l’Etat pour tous » ne sont plus de mise, et que les victoires seront collectives ou ne seront pas.
Disposer d’un leader politique susceptible d’incarner le renouveau démocratique dont le pays a besoin pour se mobiliser et partir à la conquête de nouvelles frontières renouvelant le « vouloir vivre ensemble » là encore nous disons Chiche !
Equilibre : Probablement faut-il le définir ici comme « juste disposition entre des choses opposées ». A la suite de Jean-François Kahn il est aisé d’affirmer que « le centrisme » est révolutionnaire et que celà n’est pas l’extrémisme ou l’outrance d’une position qui en détermine sa capacité à transformer le réel à l’avantage du plus grand nombre de nos concitoyens. Si la démocratie est le régime politique de la délibération en vue de la recherche de l’intérêt général, rien n’indique que la mesure « juste » soit celle qui se trouve au mitan, au centre de deux « vérités » antagonistes mais sans doute quelque part « ailleurs » où l’intelligence collective des hommes aura imaginé une solution conciliant au mieux ces oppositions. L’homme d’Etat soucieux de la justice au sein de la Nation, est celui qui croit en la capacité des citoyens, souvent par itérations successives, à trouver les bonnes approches pour concilier les attentes respectives des uns et des autres.
L’équilibre ne se confonds donc pas avec l’impartialité (entre le fort et le faible il faut parfois savoir choisir), avec la modération (pour tenir tête à des intérêts antagonistes qui peuvent être l’un et l’autre puissants il faut être résolu) ni avec un syncrétisme du genre mi-chèvre mi-chou (le tout étant souvent plus et très différent de la somme des parties).
Dans notre pays l’on cultive plus volontiers ce qu’il est d’usage d’appeler « les passions françaises » que l’esprit de mesure, ceci d’autant plus que la bipolarisation de la vie politique française incite davantage les responsables politiques « à cliver leurs discours » plutôt que de « rassembler leurs énergies » pour résoudre les problèmes réels des français. Chercher l’équilibre dans ce contexte relève d’une audace dont il conviendrait de signaler le côté révolutionnaire, là encore nous disons Chiche !
Rassemblement : Aux pays des Lumières nous pourrions espérer qu’avec un esprit de vérité, une vision au service du pays, et la recherche de l’équilibre en toutes choses, il soit aisé de rassembler les français. Nos ancètres ont même patiemment élaborés toutes sortes de fictions toutes plus utiles les unes que les autres au citoyen d’aujourd’hui pour arriver à celà : le Peuple, la Nation, la République pour ne citer que les plus glorieuses.
Force est de constater à ce jour, que la dégradation des moeurs politiques, l’irresponsabilité ou la vacuité des responsables politiques comme des citoyens, et toutes sortes de raisons dont « l’autre » est forcément toujours le premier responsable, ont abouti à ce que le rassemblement de la plus petite « chapelle politique » confine souvent déjà à l’exploit ! Il est même certain que l’un des thèmes sur lesquels l’on se déchire le plus est celui là même de « comment opérer ce « rassemblement » ? sans parler du « pour quoi le faire »? et encore plus du « avec qui »?
Donc rassembler est une idée ambitieuse là où la plupart des leaders politiques s’arrêtent à additionner des « voix de gauche » ou des « voix de droite » complétées (par dépit) de « voix centristes »…
Oui rassembler est un défi! Oui une France de toutes nos forces reste une idée neuve ! là encore nous disons Chiche à qui voudra bien continuer à la faire vivre et prospérer….
Pour mémoire voici la citation de François Bayrou qui a inspiré ces propos:
« Les temps viennent où les Français vont découvrir la véritable situation de notre pays, et se demanderont comment reconstruire. À ce degré de gravité, j’en ai la certitude, on ne pourra pas reconstruire dans l’affrontement sourd d’un camp contre l’autre. Au contraire, les Français auront besoin de responsables politiques qui leur disent la vérité, qui proposent un projet de société différent et équilibré, et qui aient la volonté de rassembler. De vérité, de vision, d’équilibre, de rassemblement, la France un jour aura besoin autant que d’air pour respirer. »