Pas de profits sur le dos des endettés (limitation du crédit revolving)

Le projet de réforme du crédit à la consommation s’attire de nombreuses critiques justifiées de la part des associations de consommateurs parce qu’elles le jugent insuffisamment protecteur des plus faibles.

En ce qui concerne le crédit Martin Hirsch a prononcé les mots justes il doit y avoir « plus d’accès, et moins d’excès ».

Plus d’accès pour ceux qui sans présenter des garanties longues comme la file de casseroles que trainent maintenant derrière eux les banquiers, ont pour eux l’honnêteté et la rigueur de bons gestionnaires « père de famille ».

Cette remarque est également vrai d’ailleurs pour le crédit aux entreprises mais c’est un autre débat, urgent pour conforter le tissu de nos TPE et PME dont les dirigeants confondent moins souvent entrepreunariat au service des hommes et dérives financières de toutes natures.

Moins d’excès. Certes le projet de loi encadre davantage les crédits à la consommation sur les lieux de ventes et liés au carte de fidélité des enseignes mais reste très en deça de ce qu’il conviendrait de faire en matière d’encadrement strict du crédit renouvelable ou revolving.

Sur « ce mauvais crédit qui chasse le bon« , selon le titre de l’enquête de l’UFC-Que choisir à savoir le crédit à la consommation utilisé comme substitut de pouvoir d’achat (pour des dépenses incompressibles) au lieu de l’être selon sa vocation initiale pour améliorer la qualité de vie, il convient en effet de davantage protéger ses « bénéficiaires »!!!

Or si le crédit renouvelable représente 21% du volume total des crédits à la consommation en France, ce sont les personnes à bas revenus, surendettées ou en fort risque de le devenir qui utilisent le plus ces crédits (voir l’article d’Alternatives économiques « Le crédit revolving en accusation » mars 09 pp 34-35). Cet article présente fort à propos comment ces crédits constituent « une quasi-rente pour les établissements prêteurs » et sont de ce fait « profitables » malgré les défaillances de certains emprunteurs.

Or il serait à la fois immoral, socialement injuste et au final économiquement illusoire comme la crise des subprimes vient de le démontrer de laisser perdurer ce système et de ne pas le revoir profondément.

Comme le fait observer Alain Bazot de l’UFC Que choisir, le crédit renouvelable « est une grenade dégoupillée qui tombe dans de mauvaises mains » c’est une trappe à surrendettement pour les ménages les plus modestes. Ne pas en limiter strictement le recours c’est de la non-assistance à personne économiquement et socialement en danger. Selon la Banque de France, ce crédit renouvelable figure dans 84% des dossiers de surendettement !!!!

Or trop souvent selon l’étude de Que choisir de mauvaises pratiques commerciales font que dans 72% des cas les demandes de financement sont orientées par le commerçant vers le crédit renouvelable. De même selon le dossier d’Alternatives économiques « Dans une enquête publiée en mai 2008, le magazine 60 millions de consommateurs constatait que 54% des demandes effectuées dans des grands magasins ont été acceptées malgré un fort endettement des demandeurs. Et que 41% des vendeurs n’avaient posé aucune question sur l’existence de crédits en cours ».

C »est pourquoi, selon Cédric Musso de l’UFC-Que choisir « il faut responsabiliser la distribution de crédit et restaurer une offre diversifiée » (La Croix 17/03/09, article « les associations plutôt déçues par la réforme du crédit ») axe de réforme que la loi n’emprunte pas, se limitant à l’amélioration de l’information du consommateur. L’UFC se prononce parmi ces 5 propositions concrètes, pour l’interdiction du crédit renouvelable sur le lieu de vente.

Il est clair qu’au MoDem, nous devons défendre comme beaucoup d’acteurs responsables « le prêter mieux sans prêter moins » pour assurer le développement économique en garantissant la justice sociale.

Quelques chiffres (source enquête Que choisir sus-visée à date de novembre 2007:

  • 52% des ménages français possèdent au moins un crédit, soit 13,8 millions de ménages réparti comme suit : crédits immobiliers 18,8%, crédits immobiliers et crédits à la consommation 11,8%, crédits à la consommation uniquement 21,4%
  • 33,2% des ménages sont endettés au titre du crédit à la consommation
  • 43% des ménages utilisent un crédit à la consommation ou le découvert de compte courant.

« Pour un développement responsable du crédit renouvelable en France » Athling management décembre 2008 La documentation française, rapport public

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2 réponses à Pas de profits sur le dos des endettés (limitation du crédit revolving)

  1. vincentb dit :

    Mon épouse a travaillé un temps (trois ans) au secrétariat du service social de sa ville, chargée d’accueillir les agents communaux. Dans tous les dossiers de surendettement qu’elle a vue passer, je dis bien tous, il y avait au moins un crédit renouvelable. Autrement dit, le crédit renouvelable ne concerne pas 84, mais 100% des dossiers de surendettement. J’imagine que le « 84% » vient de ce que l’assiette est plus large…

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