Il y a une thèse a écrire sur la figure du plombier en politique ! Qu’il soit polonais, où du Middle West comme Joe the Plumber le plus médiatique contradicteur de Barack Obama, notre homme tour à tour antipathique menace pour l’emploi local, ou emblématique « vrai gens » est celui qui est susceptible de siphoner bien des voix si l’on en agite bien la figure !
Ainsi vont les moeurs politiques, les citoyens sont ballotés par ceux qui croient pouvoir les séduire par les biais de l’émotion, de l’identification ou de la compassion, parfois les trois ensemble.
Bien sûr comme le rappelle François Ernenwien dans cette excellente présentation de l’ouvrage de Myriam Revault d’Allonnes L’homme compassionnel intitulé Eloge de l’action politique « l’émotion est … la condition indispensable d’une ouverture au monde » mais constate t’il avec l’auteur « elle empêche d’y voir clair ».
Le journaliste de La Croix en citant et commentant cet ouvrage dresse un constat dans laquelle tout sympathisant du MoDem pourra se reconnaitre :
- « l’espace public n’est plus (alors) le lieu où se cristalise l’opinion, c’est-à-dire où l’attention des citoyens se mobilise autour de problèmes jugés essentiels pour la communauté. Il est le lieu où s’additionnent les expériences singulières et où triomphe l’individualisme de masse,
- la démocratie cesse alors d’être l’expression d’une exigence partagée par le plus grand nombre, un dialogue. Elle est devenue la prise de parole individuelle sur de multiples sujets,
- la politique cesse d’être le lieu où se posent les questions fondamentales du vivre-ensemble et de son organisation. Elle devient l’art d’accompagner les plaintes. Elle se trouve contrainte à l’action immédiate, aux lois de circonstances et ne remplit que très mal la tâche qu’elle se donne.«
Mouvement souhaitant réhabiliter et porter le plus haut possible l’étendard d’un humanisme renouvelé, le MoDem est tout sauf un endroit où l’on a le coeur sec ! Mais c’est un lieu où l’on secoue suffisamment les carcans qui pèsent sur la vie politique française, à commencer par celui de la bipolarisation, pour ne pas aimer avant tout s’adresser aussi au sens critique et à la raison des électeurs ! Il va de soit qu’un démocrate n’a que peu de sympathie pour ce que l’on nomme à juste raison la dictature de l’émotion.
Avec Tocqueville nous pensons qu’il n’est pas vain d’instruire la démocratie ni utopique de multiplier les cafés démocrates et autres lieux d’échanges où l’on travaille à définir ce que pourraient être des politiques utiles à tous.
Comme l’indique Jean Baechler dans Démocraties (p. 682) nous soutenons qu’« un régime démocratique repose sur des citoyens vertueux, maîtres de leurs passions, fiers de leur condition d’hommes libres et dévoués au bien commun ».
Aussi nous partageons les conclusions de Myriam Revault d’Allonnes selon laquelle « la « démocratie » compassionnelle est une démocratie dévoyée » et de François Ernenwein pour qui pour assurer la pertinence politique « il faut des institutions justes qui inscrivent l’action dans la durée et lui donnent un sens ».