Cette intuition du besoin du dépassement des clivages politiques et de la bipolarisation pour mieux affronter les difficultés auxquelles notre pays et ses divers « échelons administratifs » ont à faire est à la fois fondatrice du MoDem et sa profonde originalité.
Elle est aussi sa principale force car ainsi, le MoDem est bien en phase avec son temps, le temps des réseaux et le temps des dialogues : il devient le parti du ET, là où les autres sont les partis du SAUF voir du « tout sauf untel ou une telle ».
Dans un monde ouvert, le MoDem est un parti ouvert à tous les échanges possibles avec les partis « républicains » et dans le cadre de la clarté que réclame la vie démocratique. A cet égard, il appartient au MoDem de clarifier (le besoin existe encore) et de diffuser sa doctrine en matière d’alliances électorales de façon à ce que nos concitoyens comprennent mieux et perçoivent mieux les raisons de son indépendance à l’égard des deux camps (droite et gauche).
Mais l’essentiel, la richesse et la force du Mouvement est en ce qu’il permet les conditions de débats sur le fond des dossiers essentiels là où d’autres cherchent à maintenir ou créer des oppositions plus ou moins artificielles. Si ces divisions étaient encore le fait de raisons idéologiques sérieuses cela pourrait s’envisager mais ce n’est pas le cas tant le débat d’idées est souvent impossible dans notre pays.
En effet, hélas ce qui est politiquement payant dans la « démocratie d’opinion » dans laquelle nous sommes, c’est la posture (« plus libéral que moi tu meurs » ou « plus social que moi tu meurs ») et les slogans facilement diffusables au journal de 20h.
Sans l’émergence du MoDem comme Mouvement indépendant, les affrontements politiques stériles, les alternances marquées plus par les « ruptures symboliques » que par les transformations réelles et profondes du pays pour le bien de tous, et
l’exclusion constante d’une partie du pays dans les débats perdureront.
Créer des passerelles ne signifie nullement nier les différences mais bien au contraire cela permet à chacune des parties de mieux les définir, de les assumer pleinement et ainsi de permettre un débat constructif donc fructueux.
Cela ne signifie pas davantage nier les contradictions, les oppositions d’intérêts, les situations difficiles voire scandaleuses faites à telle ou telle catégories de la population, mais cela doit permettre de mieux en débattre en lien
avec l’ensemble des « parties prenantes » pour avancer vers des solutions durables et « gagnantes » pour tous car plus inspirées par l’intérêt général.
En ce sens le MoDem se doit d’être un mouvement civique, un mouvement de citoyens partageant l’ambition de faire mieux vivre la Démocratie représentative, la seule qui par la valeur morale des représentants (à supposer qu’elle soit suffisamment élevée) et par la qualité des débats peu permettre de cerner le bien commun.
« La démocratie est l’organisation sociale qui tend à porter au maximum la conscience et la responsabilité civique de chacun » comme l’a affirmé Marc Sangnier dans L’esprit démocratique (p. 167).
Le MoDem est né d’un espoir largement partagé par nos concitoyens celui d’un « vouloir vivre ensemble » réaffirmé, renouvellé, autour d’une idée aussi ancienne que la démocratie elle-même « Quelqu’un présente t’il à l’Assemblée quelque projet pour le Bien de l’Etat ?» Euripide (Les Suppliants). Appeler chaque compatriote à jouer consciencieusement son rôle
de citoyen, demander aux élus d’exercer leur mandat dans un esprit de service pour la gestion
de la Cité, de rendre compte de cette gestion en permanence à leurs mandants, voilà des
impératifs à respecter pour prétendre à rayonner auprès « de toutes les forces » d’un pays.
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