En plus d’être sommée de se situer sur l’échelle « gauche-droite » du fameux échiquier politique, les formations politiques ont souvent à évoquer les grands systèmes d’idées politiques auxquels elles se rattachent et/ou du moins celles qu’elles rejettent. Bizarrement il semble plus facile de se définir parce que l’on n’est pas, que parce que l’on est !
Le MoDem se doit de proposer à ses adhérents, ses sympathisants et bien au-delà aux citoyens un corpus idéologique clair donc identifiable, solide donc « discutable » (au bon sens du terme), mais avant tout ouvert aux apports des diverses familles de pensées.
Ceci ne signifie nullement aboutir à un syncrétisme ou un bric-à-brac idéologique aussi informe qu’inopérant faute de cohérence, ni à une espèce de bouillabaisse idéologique (amateurs de bouillabaisse et marseillais, trouvez une autre image) dans laquelle chacun apporterait ses ingrédients et dans lequel, au final, personne ne retrouverait ni ses apports ni s’y retrouverait tout court.
A titre d’illustration, est t’il impossible de faire dialoguer ensemble les partisans de l’économie sociale de marché (ou « démocrates sociaux ») et les partisans de la social-démocratie ? bien sûr il ne faut pas faire l’impasse sur ce qui les sépare -au contraire il convient de l’identifier et d’en débattre- est-t-il impensable de voir ce qui les rassemblent ?
Plus largement, est-t-il par exemple plus urgent et important de décerner aux uns ou aux autres des labels de « bons républicains » que de permettre à l’ensemble des formations politiques de discuter de ce qui fonde ce « pacte républicain » et d’échanger sur l’opportunité et la manière de le renouveler ou de le refonder en fonction des évolutions de la société française ? Est-il impossible dans
l’hémicycle ou dans les tribunes politiques d’évoquer la liberté, l’égalité ou la fraternité autrement que sur le mode de l’affrontement ou de l’anathème ?
Est-il possible ou non d’imaginer une formation politique qui soit celle des ET plutôt que des OU ?
– initiative économique ET responsabilité sociale,
– sécurité des citoyens ET réinsertion des délinquants,
– adaptation des entreprises à leurs marchés ET sécurisation des parcours professionnels
– allégements des prélèvements obligatoires ET renforcement des missions essentielles de l’Etat,
– développement du tourisme ET protection du patrimoine naturel,
– équilibre des comptes sociaux ET politique de santé publique efficace,
– protection des intérêts nationaux vitaux ET construction d’une Europe fraternelle, solidaire et dynamique,
– démocratisation de l’accès aux diplômes ET filières d’excellence pour tous,
– etc…
Il appartient au MoDem d’élaborer sur l’ensemble des questions des positions qui ne soient pas de molles synthèses ou de faux compromis mais des positions claires car le débat aura permis de bien positionner le curseur entre réalisme et volonté de changement, entre protection des plus faibles et encouragement de l’entrepreunariat, entre épanouissement individuel et cohésion sociale….
Non la démocratie ce n’est pas un perpétuel effet de balancier entre des solutions privilégiant un des termes des propositions à un autre, c’est le débat vertueux de citoyens eux mêmes vertueux qui permet de déterminer le choix juste pour
la collectivité.
Fort heureusement d’ailleurs, ce constat et l’intérêt de cette exigence grandit au sein de beaucoup de familles politiques, mais le piège de la bipolarisation empêche trop souvent des majorités d’idées de se former et des consensus de s’exprimer de peur de trahir « son camp » ?
Ainsi en est-t-il probablement le cas au sujet de l’Etat impartial, de la maitrise de la dette publique, de la primauté de l’éducation et de la recherche pour la vitalité de notre pays, du développement des pays du Sud pour la paix et la maîtrise des flux migratoires, du contrôle citoyen des institutions européennes, l’inscription des politiques de développement durable dans la vie quotidienne des français, etc….
La liste est longue des sujets sur lesquels le MoDem peut et doit être un catalyseur essentiel des « démarches citoyennes » sur les questions clés pour le devenir de notre pays et puissamment aider à ce qu’enfin l’intérêt général puisse prévaloir. En effet, l’indépendance du MoDem doit permettre aux Démocrates de participer à ces débats avec une pression moins forte quant à l’identification « idéologique ».
Comme l’a indiqué François Bayrou, se réclamer de l’humanisme (à condition de l’assumer pleinement et de ne jamais y déroger) suffit aux démocrates, se concevoir en « mouvement citoyen » visant l’intérêt général doit permettre en soi une identification suffisamment forte du Mouvement pour lui épargner de se
« ranger » à des opinions aussi « tendance » que trop souvent mal informées et surtout mal formées faute de dialogue suffisamment approfondi entre les parties prenantes aux différents dossiers d’actualité.
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